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22 avril 2016 5 22 /04 /avril /2016 05:28
Le témoignage de Mylène : Je vis dans une tiny-house

J'ai le grand plaisir aujourd'hui de partager avec vous le témoignage de Mylène, qui a fait le choix avec son compagnon de vivre dans une tiny house de 13 m2.

J'ai rencontré Mylène dans le cadre de mon atelier en ligne "Devenir home-organiser", dont la 5ème session vient de se terminer.

Très rapidement, au fil de nos échanges, j'ai proposé à Mylène si elle acceptait de partager son expérience minimaliste et son choix de vie atypique avec les participants de mon autre atelier, "3 mois pour désencombrer et alléger sa vie".

Son expérience est en effet une vraie source d'inspiration : vivre à deux dans 13 m2 oblige nécessairement à s'interroger sur ce dont on a réellement besoin pour vivre et se sentir bien, et sur ce qui compte vraiment pour nous : notre essentiel, au sens le plus noble du terme.

Un grand merci à Mylène, à la fois pour ce partage, photos compris, et aussi pour le temps qu'elle a consacré à l'écriture des lignes qui suivent !

 


 

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Je m’appelle Mylène, j’ai 25 ans et je vis avec mon compagnon dans une tiny house, une mini maison sur roues de 13m2.

Nous avons découvert le concept des tiny houses en 2013 grâce à une interview filmée du père du mouvement, Jay Shafer, qui faisait visiter sa tiny house de 9m2.

À l’époque, tous les deux en stage dans une grande entreprise française dans le cadre de nos études en école de commerce, nous avions déjà remarqué que nous ne rentrions pas dans le moule : nous rêvions de voyages en sac à dos et de rencontres quand nos collègues discutaient surface loi Carrez, dressing, ou fonctionnalités du dernier iPhone. Mon compagnon, Thibaut, venait de quitter cette entreprise pour aller travailler dans une association végane de défense animale et je me demandais également si mon destin n’était pas voué à s’éloigner de la voie tracée par mes études, que j’étais sur le point de terminer.

Nous voulions un logement à nous et en avions marre que notre argent disparaisse chaque mois dans un loyer. Nous souhaitions également que notre habitat corresponde à nos besoins, mais n’avions pas les moyens d’acheter un terrain et de faire construire une maison. Les choix professionnels que nous étions en train de faire ne risquaient d’ailleurs pas d’arranger les choses de ce côté-là. Pourtant, il devenait clair que nous souhaitions un grand jardin pour faire pousser notre nourriture.

Une tiny house n’est pas considérée comme un bien immobilier puisqu’elle peut se déplacer; on peut donc l’installer sur un terrain non constructible, bien moins cher à l’achat. Légalement, c’est une remorque avec un chargement. Comme nous avions vécu à divers endroits en tant qu’étudiants, en France comme à l’étranger, nous n’étions pas prêts à nous fixer à un endroit précis. Une tiny house se présentait donc comme une réponse à beaucoup de nos attentes en matière de logement.

Pourtant, si pour Thibaut la découverte des tiny houses a été une évidence, j’étais beaucoup plus sceptique. Je ne voyais simplement pas comment nous pouvions vivre confortablement à deux dans moins de 15m2, taille de mon studio d’étudiante. Ce projet, qui était d’abord le sien, est peu à peu devenu le nôtre. Nous avions cependant convenu d’en construire deux et de les relier entre elles afin de disposer d’une surface acceptable. Dans l’une se trouveraient la cuisine et le salon, dans l’autre le bureau et la salle de bain avec la chambre en mezzanine. En faisant nos calculs, nous nous sommes aperçu que si l’on souhaitait réaliser ce projet rapidement, nous ne pouvions construire les deux d’un coup faute d’un budget suffisant. La construction d’une tiny house aménagée coûte de 20 000 € à 45 000 €, en fonction de si on la construit complètement soi-même ou si on se la fait construire, et plus on accepte de descendre en gamme ou d’utiliser des matériaux d’occasion, plus on peut faire baisser le prix. Mais nous n’imaginions pas la construire nous-mêmes. Comme nous n’avions pas d’argent de côté, nous allions devoir emprunter, mais souhaitions pouvoir le faire sur 5 ans maximum et rembourser notre emprunt en étant payé au salaire minimum. Nous avons donc dessiné les plans d’une tiny house « évolutive » dont une partie pourrait se déplacer dans la seconde, une fois celle-ci construite.

Ce projet a mûri. En observant comment nous vivions, nous nous sommes finalement rendu compte que le coût de construction d’une seconde tiny n’était pas justifié par ce qu’elle nous apporterait. En effet, dans l’appartement de 47m2 que nous occupions, l’espace avait fini par devenir une contrainte. Nous devions parler plus fort pour nous entendre dans des pièces différentes, nous étions isolés lorsque l’un faisait la cuisine ou la vaisselle car notre cuisine était entièrement cloisonnée, et l’espace inoccupé devenait vide encombré.

Au même moment, nous avons commencé à suivre l’émission télévisée américaine « Tiny house nation » qui suit des personnes ayant le projet de vivre dans une tiny house dans leur processus de construction et de désencombrement jusqu’à leur emménagement. Ces témoignages ont peu à peu donné une dimension accessible à la vie à deux en tiny, car certains couples vivaient également avec leur enfant ou leur animal de compagnie. À deux seulement, notre projet paraissait facile et nous avons finalement décidé de n’en construire qu’une.

Une habitation de 13m2 (+ 5m2 de mezzanine), cela parait vraiment petit pour y vivre bien à deux, mais prendre en compte uniquement la surface est extrêmement réducteur. Ce que l’on recherche vraiment, c’est l’impression d’espace. Et elle dépend d’autres critères que la surface, tels que la hauteur sous plafond, la luminosité, la vue extérieure et l’agencement. La tiny house dans laquelle nous vivons a une hauteur intérieure de 3m50 dans la pièce principale, ce qui est bien supérieur à celle de beaucoup de logements ; elle a des ouvertures sur tous les côtés : 9 fenêtres dont 2 au plafond, ce qui lui procure une luminosité importante et permet de voir à plus de 50m dans toutes les directions et de regarder passer les nuages et les oiseaux. Tous ces éléments font une différence énorme avec un appartement qui aurait la même surface mais ne serait ouvert que sur un ou deux côtés. L’impression d’espace est frappante dès que l’on pénètre à l’intérieur de notre tiny. Elle paraît bien plus grande à l’intérieur qu’à l’extérieur, comme disent la plupart des personnes qui l’ont visitée.

 

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Néanmoins, cet espace doit être bien agencé, et rester ordonné. Mon compagnon affirme que la tiny house est le remède à son désordre : s’il disposait de davantage d’espace, il ne serait pas poussé à ranger car le désordre n’entraverait pas ses mouvements. Mais dans une tiny house, impossible de laisser traîner un balai ou un sac de courses sans que cela gêne le passage.

 

Je n’avais pas d’appréhension particulière concernant l’impact que cette nouvelle maison aurait sur notre relation, car nous communiquons beaucoup et avons à cœur de ne pas laisser s’installer de frustration ou de non-dits. Ce serait plus compliqué si l’on avait l’habitude de résoudre les conflits en s’isolant l’un de l’autre le temps que la tension retombe, car la seule pièce fermée de la maison est la salle de bain, qui fait moins de 2m2 (je viens de le calculer, et c’est vrai que dit comme ça, cela parait minuscule, mais elle est très fonctionnelle, et c’est tout à fait suffisant). Bien sûr, il y a l’extérieur si l’on souhaite vraiment s’isoler mais cela ne fonctionne pas par tous les temps. Vivre en tiny house implique donc davantage de communication au sein d’un couple ou d’une famille. En ce qui nous concerne, nous pratiquons notamment la « meta-communication », c’est-à-dire que l’on échange sur notre manière de communiquer entre nous : « pourquoi est-ce que j’ai mal pris ta façon de me dire ça ? », on reformule ce que l’autre nous a dit afin d’être sûr d’avoir bien compris etc. Je trouve que cela permet de garder une relation saine où l’on ne garde pas ses sentiments pour soi. Loin d’endommager notre relation, notre mode d’habitat la renforce.

Le concept de tiny house peut également faire peur si l’on possède beaucoup de choses. Mais nous étions déjà dans une démarche de minimalisme : nous aimons nous entourer de choses utiles, et essayons de ne pas faire entrer dans notre vie d’objets qui ne contribuent pas significativement à notre bien-être.

 

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Vivre dans un petit espace nécessite tout de même quelques efforts de conception. Nous avons passé plusieurs mois à faire et modifier nos plans, le mètre toujours à portée de main. Nous nous sommes posé beaucoup de questions que l’on ne se pose par lorsque l’on opte pour une maison ou un appartement « normal » : ai-je besoin de 50 ou 60 cm de plan de travail pour cuisiner confortablement ? Quelle hauteur faut-il au-dessus du matelas pour pouvoir tenir à genoux sur la mezzanine ? Dans quel ordre dois-je empiler mes casseroles pour économiser 5 cm de hauteur de tiroir ?

Il ne nous paraissait donc pas possible de faire aménager notre tiny house par l’entreprise qui l’a construite, car personne d’autre que nous ne pouvait répondre à beaucoup de ces questions et aucun entrepreneur n’aurait été prêt à entrer dans un tel degré de détail. Nous avons donc décidé de ne faire construire que “l’enveloppe” et de réaliser nous-mêmes la totalité de l’aménagement intérieur, alors que nous n’avions pas d’expérience particulière en bricolage. Contrairement à la plupart des maisons, que l’on remplit en fonction de l’emplacement des murs et des fenêtres, c’est le plan intérieur de notre tiny qui nous a permis de déterminer sa longueur, ses angles de toit, l’emplacement des ouvertures et même la façon dont s’ouvrent les fenêtres.

Cela n’a pris qu’un mois au constructeur pour construire notre maison. Nous sommes allés la chercher 2 jours avant de célébrer notre PACS, ce qui nous a permis de nous faire offrir de nombreux éléments pour l’aménager. Nous avons passé 1 mois et demi à construire tous nos meubles durant l’été 2015 sur un terrain prêté par une connaissance en Mayenne, où nous habitions à l’époque, et ne savions toujours pas où nous l’installerions une fois écoulé le délai de 3 mois accordé par la mairie. C’est en postant une annonce sur un site de prêt de jardin que nous avons été contactés par une dame d’une soixantaine d’année disposant d’un ancien potager de 1000 m2 en Savoie qu’elle ne supportait plus de voir en friche.

Avant de traverser la France avec notre maison par les départementales pour rejoindre les Alpes, où nous vivons actuellement, nous avons dû nous séparer sans regrets de quelques-unes de nos possessions : les meubles prêtés par nos parents, dont nous n’avons gardé qu’une petite table de salon chinoise que nous aimons particulièrement, ma machine à café que j’utilisais moins d’une fois par semaine (je ne bois plus que du thé à la maison, et quand je suis chez des amis, je profite d’un café) et quelques vêtements.

 

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Pour choisir quoi garder ou jeter, nous avons intégré la réflexion suivante : si nous pouvons nous passer de quelque chose 95% du temps, alors nous pouvons nous en passer tout le temps. Cela élimine déjà pas mal de choses, voire des pièces entières : la chambre d’amis qui ne servirait que quelques nuits par an (nous préférons leur laisser notre lit et passer ces quelques nuits sous la tente), la vaisselle nécessaire à un repas de plus de 8 personnes (tellement occasionnel que cela ne nous gêne pas de demander à nos invités d’amener leur vaisselle, ou d’utiliser de la vaisselle en carton), le congélateur qui nous servirait à manger de la glace occasionnellement en été (l’argent économisé nous permet de nous payer une bonne glace en terrasse quand nous le souhaitons), etc. Nous étions bien préparés et n’avons finalement pas eu à passer par une réelle étape de désencombrement avant d’emménager dans la tiny.

 

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Celle-ci présente tout le confort dont nous avons besoin : un matelas avec sommier, une douche haute dans laquelle nous pouvons également prendre des bains, des toilettes sèches pour lesquelles nous utilisons des copeaux de bois (pas d’odeurs à déclarer), une cuisine avec un évier 2 bacs dont le plus petit fait office de lavabo, une plaque de cuisson deux feux au gaz, un canapé qui fait également office de coffre pour ranger nos sacs à dos, une table rabattable pour les repas et sur laquelle Thibaut travaille toute la journée, deux placards pour les vêtements et quelques autres rangements. L’intégralité de notre vaisselle tient sur une étagère. Nous ne consommons pas de viande et de produits laitiers, nous avons donc hésité à acheter un frigo, mais avons fini par opter pour un frigo type mini-bar de 55 cm de haut. Comme nous pouvons regarder ce qui nous plaît en streaming sur l’ordinateur, nous ne possédons pas de télé.

Une ancienne maison de jardinier inhabitée, à peine plus grande que la nôtre, est déjà présente sur le terrain, ce qui présente l’énorme avantage de disposer de l’eau courante et de l’électricité. Cette petite maison dispose en plus d’une machine à laver, ce qui est très pratique.

 

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Maintenant bien installés, nous pouvons profiter de tous les avantages que nous offre notre maison : le sentiment de vivre dans un cocon bien confortable, une luminosité incroyable, des charges minuscules, une ouverture sur l’extérieur qui nous pousse à nous installer dehors au moindre rayon de soleil, un emplacement de rêve dans la nature au pied des chemins de randonnée, avec vue sur le lac, où l’on peut cultiver notre potager.

Et surtout, la satisfaction de ne pas s’encombrer de superflu pour pouvoir nous consacrer à l’essentiel : profiter des bons moments.

 

Mylène

 


 

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                      Diane BALLONAD ROLLAND

                    

 

 

 

Face à l'accélération du temps, prenons le temps de nous poser, osons ralentir, en soi, chez soi, mais aussi au travail, et commençons à nous réapproprier consciemment notre temps !
 

 

Je m’appelle Diane, j'ai 44 ans, je suis Coach professionnelle certifiée, spécialiste de l'équilibre entre vie professionnelle et vie personnelle, Consultante et Formatrice en Gestion du temps et Equilibre de vie depuis 2010, et je suis aussi la maman imparfaite de 3 enfants. Zen & Organisée, certes, mais je vous rassure, pas tous les jours et c'est tant mieux !

Mon coeur de métier est d'aider les femmes débordées, fatiguées, stressées par les contraintes de la vie quotidienne, à se réapproprier leur temps et à (re)trouver un équilibre. C'est ce qui porte chaque jour depuis plus de 7 ans aujourd'hui.

Créé en novembre 2010, ce blog propose, à travers des articles, des ressources, des interviews ou des ateliers interactifs en ligne, une réflexion et des pistes concrètes (avec exigence mais sans recettes miracles !) pour changer notre regard sur le temps, apprendre à ralentir, nous recentrer sur nos vraies priorités, prévenir l'épuisement et trouver un meilleur équilibre entre les exigences de la vie professionnelle, les obligations de la vie familiale et nos aspirations personnelles.

 

Je suis ce que l'on appelle une "entrepreneuse nomade", travaillant aussi bien dans le train que dans un café, dans un espace de coworking ou chez moi. C'est un mode de vie qui me ressemble, doux, libre et créatif, dans lequel je m'épanouis et peux donner le meilleur :)

Je me suis créée une vie professionnelle sur-mesure : mon quotidien aujourd'hui s'organise autour de différentes activités, toutes complémentaires. Chacune d'elles sans exception me passionne, qu'il s'agisse d'accompagner sur le chemin de l'équilibre et du sens, d'écrire pour mes blogs, de travailler à un nouveau livre, de concevoir un nouvel atelier en présentiel ou en ligne, d'animer une formation, grand public ou proposée par un organisme de formation, ou encore une conférence dans une entreprise.

Entière, intuitive, multiple, j'aime les choses simples et travaille avant tout avec le coeur et en accord avec mon ressenti.

Je ne triche jamais et privilégie l'authenticité, tant dans mon travail que dans mes relations. En réalité, je n'ai aucun mérite car je ne sais pas travailler autrement que dans la confiance, la bienveillance et le respect réciproques.

Si c'est aussi votre cas, nous avons toutes les chances de nous entendre et de faire un bout de chemin ensemble !
 

"L'étoile, c'est ce qui canalise nos énergies, c'est un appel à nous mettre en route, c'est une direction que nous ressentons comme juste au sens plein du terme, c'est une finalité dont découlent les objectifs et qui leur donne de la cohérence et du sens. Elle n'est pas forcément facile ni agréable à suivre, mais c'est elle qui donne du sens à notre existence et nous permet de faire du temps l'allié de notre vie." (François Délivré)

 

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J'arrête de procrastiner, 21 jours pour arrêter de tout remettre au lendemain (2016, Eyrolles)

 

 

 

Membre Fondatrice et Présidente de la FFPO