En terme de procrastination (tendance à remettre au lendemain), les idées reçues sont légion ! Fainéante, paresseuse, tire-au-flanc, flanc-mou (chez nos amis les québécois !), sans volonté, faible, la personne sujette à la procrastination n’a décidément pas la côte.
Petit tour d’horizon des préjugés les plus tenaces…
1- La procrastination n’est pas de la paresse
Lorsque l’on pense procrastination, on imagine facilement une personne avachie sur son canapé qui préfère « passer du bon temps » et paresser plutôt que de se mettre à l’ouvrage.
Or, contrairement à ce que nous pourrions (un peu trop) facilement penser, la procrastination n’a rien à voir avec la paresse !
Les personnes qui procrastinent seraient même plutôt actives et bien organisées… avec ce qu’elles aiment faire, ce qu’elles maîtrisent et ce qui a du sens pour elles.
Elles font simplement le choix (conscient ou inconscient) d’une action au détriment d’une autre, qu’elles préfèrent reporter à un moment ultérieur. Il n’est pas rare d’ailleurs qu’elles soient si occupées qu’elles finissent par être débordées !
2- La procrastination n’est pas non plus une maladie
La procrastination relève davantage d’un comportement, aux conséquences plus ou moins graves, mais en aucun cas d’une maladie. Elle ne se soigne donc pas via un traitement médicamenteux.
Elle peut en revanche être le symptôme d’une maladie, comme c’est le cas chez les personnes dépressives qui doivent faire face à la perte d’envie inhibitrice de l’action, ou les personnes atteintes de "Troubles du déficit attentionnel" (ou TDHA), particulièrement sujettes à la procrastination. Ces personnes présentent un effet un déficit de concentration, souvent associé à une hyperactivité.
Les personnes souffrant de T.O.C. (Troubles obsessionnels compulsifs) ou de phobies vont également développer des stratégies d’évitement propres à la procrastination.
La procrastination peut enfin être le symptôme d’une « anorexie du travail », que l’on va retrouver chez les « workaholics » (personnes souffrant d’addiction au travail). En effet, si certains workaholics se caractérisent par leur incapacité à déléguer leur travail, tous les workaholics ne sont pas les travailleurs compulsifs que l'on pourrait imaginer. C'est notamment le cas du workaholic "anorexique", celui qui procrastine longuement, repousse à plus tard avant de travailler efficacement. Perfectionniste, il ne sait alors plus par où commencer et panique.
3- On ne nait pas procrastinateur !
On ne nait pas procrastinateur, on le devient, au fil du temps, en particulier au moment des études.
Selon de rares études sur le sujet, la procrastination toucherait environ 30 % de la population adulte et jusqu’à 50 % des étudiants, chez qui elle accaparerait jusqu’à un tiers du temps de veille. Il serait même question du « syndrome de l’étudiant ».
Il ne s’agit pas en aucun cas d’un trait de caractère héréditaire qui se transmettrait de génération en génération. Si vous vous définissez comme un procrastinateur patenté, rassurez-vous, votre ou vos enfants ne seront pas nécessairement des procrastinateurs à leur tour. Ils le deviendront en revanche plus facilement à travers l’exemple que vous transmettrez.
Il s’agit donc bien d’un phénomène acquis et non inné. Et ça, c’est plutôt une bonne nouvelle car comme tout comportement, nous avons la possibilité de le changer en modifiant nos habitudes et notre perception de la réalité !
4- La procrastination n’est pas qu’un simple problème de gestion du temps
Si c’était aussi simple à régler qu’un problème de gestion du temps (si tant est qu’un problème de gestion du temps soit simple, ce qui est souvent loin d’être le cas…), les procrastinateurs ne seraient pas aussi nombreux !
L’approche peut suffire dans certains cas, les plus légers, mais s’avère globalement insuffisante.
Considéré comme l’un des grands spécialistes mondiaux sur la procrastination, Joseph Ferrari, Professeur de psychologie à l'Université DePaul, valide cette hypothèse : « Proposer un agenda à un procrastinateur, c’est comme de se contenter de demander à un déprimé de sourire ! ».
Pour lui, elle est davantage liée à notre capacité d’autorégulation et à notre maîtrise de soi.
Preuve en est : procrastiner peut même être utile dans certains cas, il est alors question de procrastination positive !
5- La procrastination n’est pas une fatalité !
Non, définitivement non, la procrastination n’est pas une fatalité !
Il est possible, croyez-moi, d’en venir à bout, à condition de ne pas forcer le processus, de progresser avec confiance et sérénité et de rester, quoi qu’il arrive, bienveillant avec soi-même. Les stagiaires que j’accompagne au quotidien en sont les meilleurs exemples !
Inutile, donc, de rajouter de la culpabilité à la culpabilité si vos premières tentatives échouent, si vos premiers petits pas ne portent pas immédiatement leurs fruits. Gardez confiance et recommencez !
En comprenant les mécanismes de la procrastination et en osant regarder en face, avec honnêteté et sans faux-semblant, ce qui vous amène à procrastiner aujourd’hui, vous aurez déjà fait un grand, un énorme pas !
* Extrait de mon dernier livre, J'arrête de procrastiner, 21 jours pour arrêter de tout remettre au lendemain, en libraire depuis le 25 février 2016.
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