Après les interviews de Marlène Schiappa, Céline Boura, Liliane Holstein, Chine Lanzmann, ou encore Mathilde Juan, pour n'en citer que quelques-unes, c'est Elisabeth Allier, formatrice en méditation de pleine conscience et créatrice de Mieux-être au travail, qui inaugure une nouvelle série d'interviews pour 2016 !
Je vous réserve d'ailleurs de jolies surprises à venir et de très chouettes rencontres...
J'ai rencontré Elisabeth en décembre dernier autour d'un café sur Paris. Elle m'a raconté son parcours avec beaucoup d'authenticité et de simplicité. Nous faisons un peu le même métier mais avons choisi des outils différents pour l'exercer. L'outil de prédilection d'Elisabeth, c'est la méditation de pleine conscience. Un choix qui ne doit rien au hasard...
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Bonjour Elisabeth,
Qui es-tu ? Quel est ton parcours ?
J’ai 43 ans, mariée avec 3 enfants (16, 13 et 7 ans). Depuis 2014, je suis formatrice en méditation de pleine conscience et j'ai créé Mieux-être au travail.
Jusqu’en 2011, mon parcours était des plus classiques. A commencer par ma formation (école de commerce), suivie d’une quinzaine d’années en tant que salariée, dans le secteur financier puis bancaire.
Tu as été expatriée pendant 4 années. Comment as-tu vécu cette étape de ta vie et quels enseignements en retires-tu aujourd’hui ?
De 2011 à 2015, j’ai en effet vécu 4 ans à Ho Chi Min (sud Vietnam) avec ma famille, suite à une mutation professionnelle de mon mari (j'ai pu, à cette occasion bénéficier d'un congé sans solde auprès de mon employeur).
La 1ère année a été difficile. D’un rythme très soutenu en France, je suis passée à un rythme très calme, dans un environnement très différent, à tout point de vue : le climat chaud et humide, la langue qui demande beaucoup d’efforts pour réussir à prononcer les quelques mots incontournables "Bonjour, au revoir, merci", les nombreuses coupures internet, d’électricité (rappelons que le Vietnam est un pays en voie de développement) et croyez-moi, quand vous vivez à plus de 10 000km de vos famille/amis, Internet devient précieux…
Soit je baissais les bras et rentrais en France (seule avec nos enfants ?), soit je décidais de voir quelles opportunités ma nouvelle situation pouvaient me procurer.
C’est cette 2ème option que j’ai choisie, non sans mal… mais avec raison !
Car les 3 années suivantes m’ont véritablement révélée. J’ai réalisé que je disposais d’un bien précieux : le temps. J’ai décidé de le mettre à profit pour me poser et réfléchir à ma vie jusqu’à présent, à tout ce qui fonctionnait et aussi à tout ce qui ne me convenait pas. Pour voir, ensuite, quel sens je voulais désormais lui donner. C’est avec ce nouvel état d’esprit, ouvert et curieux, que j’ai découvert la méditation de pleine conscience, grâce au superbe livre/CD de Christophe André : Méditer jour après jour. J’ai ensuite voulu approfondir ma pratique en prenant des cours par skype avec Adam Dacey (Mindspace), professeur exerçant en Angleterre.
Si bien qu’aujourd’hui, je ne regrette rien. Bien au contraire : cette expérience a été riche sur différents plans : familial (découverte de l'Asie tous les 5), personnel (prise de conscience de qui je suis et vers où je veux aller) et professionnel (nouveau projet qui s'est traduit par la démission de chez mon employeur : j'ai osé !).
Pourrais-tu nous présenter Mieux-être au travail ? En quoi cela consiste également et comment t’es venue l’idée, et l’envie bien sûr, de créer cette activité ?
L’idée de Mieux-être au travail m’est venue durant l’été 2014. Avec pour objectif d’accompagner les femmes actives vers un mieux-être dans leur vie professionnelle, autour de différentes thématiques : mieux gérer son stress, augmenter sa concentration, lâcher prise, réguler ses émotions, développer un esprit plus positif, être davantage bienveillante avec soi-même, développer des relations plus harmonieuses avec son entourage.
Cette idée, je ne l’ai pas provoquée, elle est venue à moi, tout en douceur, par l’intermédiaire de plusieurs femmes de la communauté francophone qui m’ont demandé de les initier à la méditation de pleine conscience, quelques mois auparavant. Leur « feedback » a été vraiment positif et m’a donné l’envie d’aller plus loin, en créant un projet qui ait du sens, au regard de mon parcours professionnel.
Tu as fait le choix de la méditation de pleine conscience comme outil de travail. Pourquoi ce choix et qu’est-ce que cette pratique t’a apportée concrètement, à toi en particulier ?
En effet, la méditation de pleine conscience est au cœur de mes programmes ainsi que des exercices inspirés de la psychologie positive.
La pratique de la méditation m’a profondément changée : je suis devenue plus sereine et plus positive ; j’ai aussi appris à être davantage présente avec les personnes que je côtoie, plus présente également à chacune de mes activités, à lâcher prise, à mieux réguler mes émotions et à être davantage bienveillante avec moi-même.
Elle m’aide également dans mon quotidien en m’invitant, tout au long de ma journée, à faire des micro-pauses, en lien avec mon corps et ma respiration : de vraies bulles d’oxygène !
Avec à la clef comme une évidence : la méditation m’apporte tant, pourquoi ne pas en faire profiter d’autres femmes ?
Pourrais-tu nous donner ta vision et ta propre définition de l’équilibre et penses-tu aujourd’hui l’avoir trouvé ?
Je vois l’équilibre comme la capacité à remplir ses différents rôles (épouse, mère, entrepreneure, amie...) avec fluidité et sérénité.
C’est-à-dire sans ressentir cette oppression, liée à la sensation de subir ses journées et que tout va trop vite. Sans délaisser voire abandonner ses besoins et ses envies profondes.
Quand je me revois il y a quelques années, OUI, incontestablement, aujourd’hui, j’ai trouvé mon équilibre.
J’imagine que comme nous tous, il arrive que tu coures après le temps et que le rythme s’emballe un peu trop parfois. Comment définirais-tu ton propre rapport au temps et comment t’y prends-tu, aujourd’hui, pour calmer le jeu, faire redescendre la pression et retrouver ton centre (en dehors de la méditation bien sûr !) ?
Mon rapport au temps a beaucoup évolué grâce à la méditation. Il est plus apaisé ; rares sont les moments où j’ai la sensation de le subir. Comme si d’adversaire, il s’était transformé en allié.
Quand je sens que tout s’accélère, je fais le choix de tout arrêter, même 2 minutes, pour me relier à ma respiration. Il s’agit là d’un nouveau comportement que j’ai mis en place et que je trouve vraiment efficace : je gagne alors en sérénité et en clarté mentale. Je peux poursuivre.
As-tu déjà connu un ou plusieurs épisodes d’épuisement (professionnel ou parental) ? Si oui, acceptes-tu de nous en parler et surtout de nous dire comment tu es parvenue à reprendre pied et à retrouver confiance ?
Oui, j’ai connu 2 épisodes d’épuisement dans ma vie, dont je parle volontiers car je trouve important de témoigner auprès d’autres femmes que ces situations, bien que douloureuses, ne sont pas anormales.
Le premier, parental, est apparu à la naissance de notre aîné, lié à un nouveau rythme très différent de celui que j’avais connu jusqu’alors, couplé à une grande fatigue (nuits hâchées et écourtées).
Quant au second, professionnel, je l’ai vécu à la naissance de notre second enfant. Avec cette sensation de courir dans tous les sens et de m’épuiser pour réussir sur tous les fronts.
Globalement, sur quoi repose le socle de ton organisation personnelle et/ou familiale ? Quelques astuces ou bons plans à partager ?
La planification est mon mot clef :) Le week-end, je mets par écrit ma semaine personnelle, jour après jour : RDV, réunions scolaires, activités… Objectif double : alléger mon mental et ne rien (ou presque rien) oublier.
J’établis également mes menus pour les 7 jours à venir, un moyen efficace de ne pas me retrouver devant le frigo à ressasser la sempiternelle même question : "Qu'est-ce que je vais bien pouvoir faire à dîner ce soir ?"
Comment concilies-tu aujourd’hui ta vie d’entrepreneure avec ta vie de mère et de femme ? T’arrives-t-il de ressentir, encore aujourd’hui, de la culpabilité et, si non, comment es-tu parvenue à dompter ce sentiment de culpabilité ?
J’ai commencé par me poser pour clarifier mon intention : « Comment concilier toutes mes vies ? ». Ce qui, concrètement, se traduit par des plages horaires pour mon travail, pour mes enfants (j'ai ainsi fait le choix de ne pas travailler le mercredi après-midi), pour nos RDV à 2 avec mon mari (le dimanche soir, nous regardons un film juste tous les deux et une fois par mois, nous échangeons autour d'un bon petit plat), et pour moi-même (j'ai identifié des activités qui me ressourcent comme mon cours de pilates le mercredi soir, la marche à pied dans un joli parc à deux pas de chez moi et déjeuner/dîner copine(s) une fois par semaine).
Fixer mes limites, choisir un rythme qui me convient car en phase avec mes choix profonds (m'épanouir dans mon travail tout en restant présente pour chacun de mes enfants et mon conjoint), tout cela fait qu’aujourd’hui, je ne ressens pas de culpabilité.
Si tu avais un seul bon conseil à donner à une personne, homme comme femme, en quête d’équilibre, (celui par exemple que tu aurais aimé qu’on te donne plus tôt, à une période de ta vie), quel serait-il ?
Je lui dirais :
« Tu ne peux pas TOUT faire. En revanche, tu peux choisir de faire ce qui pour TOI est ESSENTIEL à ton bien-être et à celui de tes proches. Cela commence par te demander quel est ton essentiel : ta vie à 2, tes enfants, tes amis, ton travail, ta famille, ta spiritualité, faire du sport, voyager… ? »
Question « bateau » mais ô combien essentielle : qu’est-ce qui te rend vraiment heureuse aujourd’hui ?
Je vois 2 éléments : l’équilibre que j’ai réussi à créer entre mes différents rôles (après multiples questionnements, tâtonnements, remises en cause…) et l’harmonie que je ressens, résultat de l’alignement qui existe entre ce que je pense, ressens, dis et fais.
Je sais que tu t’es offerte en cette fin d’année « Ma fabuleuse année 2016 : cahier pratique pour se recentrer sur l’essentiel ». Alors, cette année, elle sera fabuleuse ou pas ? Racontes-nous !
Cet exercice auquel tu nous as invité Diane a été pour moi un enchantement : un grand merci !
Oui, j’ai choisi que 2016 sera fabuleuse. Bien évidemment, cette affirmation, ainsi posée, ne m’empêchera pas de vivre mon lot de tristesse, de déceptions, de peurs…. Mais j’ai aussi décidé de vivre pleinement chaque instant de cette année, de m’ouvrir aux possibilités et opportunités qui s’offrent à moi, en développant un esprit curieux et bienveillant, de continuer à méditer tous les jours, l’occasion de savourer ma vie et de me reconnecter à mon moi profond, celui qui me donne des ailes pour les autres et pour moi-même.
Que peut-on te souhaiter de plus ?
Me souhaiter le « mot sésame » que je me suis choisi pour 2016 : la sérénité.
Et tout le reste suivra :)
Merci Elisabeth !
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