"Il y a une forme de légèreté et de grâce dans le simple fait d'exister, au-delà des occupations, au-delà des sentiments forts, au-delà des engagements, et c'est de cela dont j'ai voulu rendre compte. De ce petit plus qui nous est donné à tous : le sel de la vie".
Françoise Héritier, Le Sel de la vie.
J'ai plaisir à vous retrouver après trois semaines d'absence sur le blog. Quelques déplacements professionnels et une belle pneumopathie plus tard, me voici de nouveau en forme pour reprendre le fil de mes billets qui attendent patiemment leur tour...
Depuis plusieurs semaines déjà, j'ai envie de vous parler de simplicité. Mais encore ? Plus exactement du plaisir des choses simples.
Et ça tombe plutôt bien puisque deux magazines dont un que j'affectionne particulièrement ont décidé d'en faire autant.
CLES Magazine d'abord, dans son numéro d'Avril-Mai, consacre son dossier central à la proposition suivante : "Et si on essayait la simplicité ?"
"Et si le bonheur était dans la légèreté ? Délaissant le superflu, beaucoup d'entre nous se recentrent sur les "petits riens" qui font les grandes joies. Enquête sur cette nouvelle façon de vivre où simplicité ne rime pas avec austérité mais avec plaisir".
Et enfin, un tout nouveau magazine, SIMPLE THINGS, à qui je souhaite longue vie ici même, est tout simplement consacré au "plaisir des choses simples".
Dans son édito, Iris Maluski, la rédactrice en chef, s'explique :
"Qu'est-ce qui compte vraiment ?
Pourquoi donc les choses simples ? Pour répondre à cette question, il suffit de prendre un peu de recul et de s'interroger sur ce qui compte vraiment dans nos vies. Et de constater que ce sont souvent les petits riens qui nous nourrissent, car ils sont profondément porteurs de sens et qu'ils nous touchent au plus près : le rire de votre enfant, les instants de partage, une évasion à la campagne, un chemin de traverse, la préparation d'un plat entre amis... Nous aimons les choses qui perdurent et non celles qui s'évaporent au moindre coup de vent, nous aimons nous évader, observer, contempler, musarder, créer, prendre le temps...
Nous sommes de plus en plus nombreux à croire que la volonté de ralentir s'inscrit dans une tendance de fond qui s'affirme progressivement depuis une dizaine d'années. Nous voulons adopter un style de vie plus axé sur les échanges humains, le partage, la qualité plutôt que la quantité. Nous voulons être plutôt qu'avoir, nous souhaitons passer à une consommation responsable, en rupture avec une consommation irraisonnée. Affirmer que le matérialisme forcené, la course effrénée à la productivité n'est pas le passage obligé vers le bonheur.
Et nous croyons passionnément que les choses simples de la vie sont les plus gratifiantes, que s'émerveiller de petits riens est le sel de la vie et que c'est ce sel qui nous nourrit.
C'est de cet élan qu'est né Simple Things. Nos pages vous invitent à goûter à cette délicieuse parenthèse, emplie de ces fragments savoureux, sources de bien-être, d'émotion, d'inspiration, modestes suppléments d'âme de notre quotidien".
Inutile de vous dire que je partage cette même vision et que j'invite, dès que j'en ai l'occasion, les participantes de mes ateliers à s'interroger elles aussi sur ce qui compte vraiment pour elles, par le biais d'exercices pratiques très simples.
SIMPLIFIER SA VIE
S'engager dans une démarche de simplification de sa vie ne se fait pas du jour au lendemain.
C'est une démarche de long terme qui demande réflexion, patience et temps.
C'est avant tout une démarche personnelle, individuelle, mais à laquelle vous pourrez également associer vos proches, ce qui vous permettra de transformer cette démarche en une aventure collective riche d'enseignements et une formidable occasion de partager du temps ensemble !
Ne dit-on pas d'ailleurs : "Pour le meilleur et pour le pire" ?
Une famille, c'est aussi ça : partager les bons moments mais aussi se serrer les coudes et faire corps autour d'un projet commun.
La simplification, et plus spécifiquement, le désencombrement en sont un.
Elle implique de savoir d'une part quels sont nos besoins ET nos priorités et d'identifier, d'alléger ou de supprimer tout ce qui relève du superflu, de l'inutile ou de l'accessoire.
En matière d'organisation familiale, il suffit parfois, après les avoir listées, de reconsidérer les tâches que vous effectuez une à une et de vous demander, pour chacune de ces tâches :
- Si vous pouvez l'envisager différemment (il existe pour chaque tâche autant de façons de faire que de personnes).
- Si vous pouvez en confier la responsabilité à une autre personne (conjoint, enfant, femme de ménage, tiers...), bref à la déléguer.
- Si vous pouvez l'alléger ou la simplifier.
- Si vous pouvez tout simplement vous en passer et la supprimer de votre liste.
Prenons l'exemple concret du repassage.
Je rencontre de nombreuses femmes qui ont tout simplement décidé... de s'en passer.
Une seule décision = combien d'heures gagnées par semaine ? Faites le calcul.
Combien d'économies également si vous confiez déjà cette tâche à une tierce personne que vous rémunérez ?
En restant sur cet exemple, vous pouvez par exemple décider de vous équiper, si vous avez suffisamment de place pour l'accueillir, d'un sèche-linge. Il vous "suffira" de plier correctement le linge (ce qu'enfants et conjoint peuvent faire également) et de les ranger dans les armoires (ce qu'ils peuvent faire également, chacun sa pile, chacun son linge).
Sans pour autant supprimer le repassage dans son intégralité si le fait d'avoir un linge parfaitement repassé est important pour vous, vous pouvez décider de repasser moins. A vous donc de choisir ce qui doit nécessairement être repassé (par exemple les chemises) et ce qui n'a pas besoin de l'être.
J'ai pris ici l'exemple du repassage mais vous pouvez procéder à cet examen pour l'ensemble de vos tâches et, bien sûr, de vos obligations.
On simplifie sa vie par exemple quand on adopte le covoiturage avec d'autres parents pour certaines activités, ou le covoiturage pour aller au travail.
On simplifie sa vie quand on décide de ne pas passer l'aspirateur qu'une (à deux fois) par semaine au lieu d'une fois tous les jours (au secours !).
Etc...
D'autres idées, des pistes à partager ?
LE BONHEUR D'UNE VIE SIMPLE
J'ai envie de partager avec vous une expérience à laquelle je me suis livrée cet été, alors que nous sommes partis en famille, et pour la première fois, nous reposer dans un camping en pleine nature. Nous avions tous les deux beaucoup travaillé, les enfants aussi, et avions besoin de déconnecter. Nous avons donc choisi un camping agréable mais loin de l'agitation des stations balnéaires. Et nous nous sommes retrouvés pour 15 jours dans les Cévennes, coincés entre un lac et des montagnes vertes à perte de vue. Nous avons logé dans un mobil-home (une nouvelle expérience pour nous, plutôt habitués aux locations d'appartements et aux hôtels), sans télévision et avec un accès Wifi très, très aléatoire. Mais peu importe, puisque nous étions là pour nous reposer et recharger les batteries.
Au fil de ces 15 jours, nous avons particulièrement apprécié (surtout mon mari et moi) de ne rien faire... du tout. Juste lire. Faire la sieste. Piquer de temps en temps un plongeon dans la piscine (plus les enfants que nous). Partir de temps en temps pour aller prendre un café (mon addiction à moi) dans la ville la plus proche. Manger. Point barre. Nous avons passé nos soirées à jouer à 5 (baccalauréat, etc...), à discuter, à lire (encore), à écrire (plutôt moi), et pour la plus petite, à regarder un film en dvd (j'avoue avoir pris mon ordi mais l'ai très peu utilisé, sauf pour diffuser les quelques dvd que j'avais pris soin d'emporter) quand nous organisions une "soirée cinéma". Bref, tout ça pour dire que nous n'avons que rarement été aussi heureux et j'ai pris conscience, au cours de cette expérience, que nous n'avions réellement besoin de pas grand-chose pour se sentir bien et heureux. Nous avions emporté le strict nécessaire : de quoi nous habiller, de quoi nous laver et nous faire une petite beauté (maquillage et vernis pour les filles) les jours où nous sortions, de quoi nous occuper un peu (pour mon mari et moi, quelques livres, un grand cahier tout neuf pour moi, de la musique et la DS pour les grands - oui quand même, et c'est tout).
A partir du moment où nous pouvions faire quelques courses et nous nourrir correctement, et être tout simplement ensemble, nous n'avions réellement besoin de rien d'autre. Cela m'a aussi permis de remettre le doigt, même si je le fais régulièrement, sur mes besoins profonds.
Je sais pour ma part que pour me sentir bien, j'ai besoin :
- d'être avec ma famille (je sens bien que ça coince quand je suis en déplacement par exemple).
- d'avoir du temps pour lire, écrire et réfléchir (depuis toujours).
- d'aller au café (étonnant, je sais, mais fondamental pour moi, une vraie philosophie de vie).
- de manger et idéalement, de me faire plaisir en mangeant.
- de m'épanouir professionnellement.
C'est à peu près tout. Et vous ?