J'ai appris par hasard, au détour de lectures et de visites de sites sur Internet, que je pratiquais en partie ce qu'on appelle aujourd'hui "le maternage".
Quand j'attendais ma deuxième fille, mon troisième enfant, huit longues années s'étaient écoulées depuis la naissance de mon deuxième. Autant dire que mon bonheur était au comble, malgré une grossesse plus fatigante (on est plus fatiguée à 35 ans qu'à 25 ou 28...).
Pour mes deux premiers, étant à cette époque à mon compte, j'ai beaucoup, beaucoup travaillé, n'ayant pas pu prendre, pour ma première, plus de 3 jours de congé maternité (un peu court pour se remettre d'un accouchement et pour profiter de son bébé...). J'en garde un souvenir très difficile.
J'avais néanmoins pu allaiter mon Moyen pendant trois mois, pour mon plus grand bonheur. J'avais évidemment, après cette première expérience réussie, prévue d'allaiter ma dernière idéalement six mois de manière exclusive (fidèle aux recommandations de l'OMS), en tout cas jusqu'à ma reprise du travail, quand elle aurait 5 mois et 1/2. Ce que je fis avec bonheur, à la demande. Là encore, il ne m'était pas possible d'envisager l'allaitement autrement qu'à la demande, et j'ai beaucoup, beaucoup allaité, pour le bonheur, je crois, de mon ange.
Je suis tout naturellement passé à un allaitement mixte à la reprise du boulot et aujourd'hui encore, après avoir failli sevré ma fille devant une certaine pression sociale en juin dernier, je l'allaite encore avec bonheur. C'est une complicité très belle que nous partageons elle et moi, à la maison seulement maintenant, en fin de journée au retour de la crèche, le soir au moment de s'endormir et parfois encore, le matin au réveil.
Je n'avais pas "programmé" cet allaitement long mais j'ai compris cet été en allaitant ma fille sur la plage en fin de journée après un bon bain de mer, que rien ni personne ne m'obligeait finalement à mettre un terme à ces moments uniques, et si courts finalement au regard d'une vie... Laisser faire les choses, aller doucement vers un sevrage naturel, m'a soudain apparu évident.
Et c'est tout ce qui caractérise notre relation, à elle et moi : une relation toute naturelle où nous prenons le temps, où nous nous respectons et nous écoutons l'une l'autre. J'ai l'impression qu'en étant à l'écoute de ses besoins, je suis davantage à l'écoute des miens. Quelquechose de presque animal, d'instinctif, de librement choisi. Cet allaitement n'est pas vécu comme une contrainte, comme une aliénation (moi qui suis si attachée à ma Liberté), il ne me fatigue pas ; au contraire, il m'apaise, comme il apaise ma Louloutte après une longue journée.
C'est ainsi que j'ai découvert que le cododo, l'allaitement long, le sevrage naturel, l'éducation non-violente constituaient une partie de ce qu'on appelle aujourd'hui "le maternage proximal". Par contre, je ne pratique pas les couches lavables ni les petits pots fait maison à tout crin (vraiment pas le temps, et c'est vrai, j'avoue, je suis très pragmatique dans la vie !)
Au-delà des mots, des courants, des concepts, j'ai avant tout voulu m'écouter, écouter mon corps, mes envies avant ceux de la société et de la bienséance (quitte à être à contre-courant), me mettre au diapason du rythme de mon enfant, et surtout, surtout "ne pas me prendre la tête", vivre cette troisième maternité sans pression, sans que tout soit "fait" parfaitement (on se met une pression folle au premier enfant !). Bref, la vivre pleinement, car je savais aussi que cette maternité serait probablement la dernière...
Aujourd'hui, ma fille a bientôt 17 mois, elle est très autonome, rigolote, très épanouie en crèche (4 jours par semaine) et je pense qu'on a trouvé elle et moi un bon équilibre.