J'ai toujours été passionnée, fascinée même, par les questions liées au temps, par notre rapport tout personnel au temps.
J'ai pour ma part un rapport au temps élastique. Je joue avec lui, je le distends, je l'étire, je le tends, je fais un bond, en avant, en arrière, pour mieux me situer dans mon présent. Je me retourne peu en arrière, préférant au passé les surprises et les joies à venir...
Je fais des projections à 5 ans, à 10 ans, à 1 an, à 100 ans parfois, m'imaginant fêter mon centenaire. Avec qui ? Comment ? Avec quelles fiertés, quels regrets dans la tête ?
Bon, c'est vrai, j'ai une imagination débordante et une très bonne capacité à visualiser mentalement, ce qui est très pratique pour se projeter à court, moyen, long terme.
Le temps est ma ressource la plus importante, la plus précieuse, après l'amour évidemment, et bien devant l'argent (même si je ne boude pas mon confort).
Choisir son propre rapport au temps, c'est un peu pour moi comme choisir la façon dont on veut vivre sa vie. Une forme de résistance moderne dans un monde qui nous "pousse" à aller toujours plus vite, à accélérer, à vivre continuellement en mode "course effrénée"... Pour ma part, je n'ai pas envie qu'on me "pousse". J'ai envie d'être libre et de ralentir si c'est ainsi que je veux vivre. Ralentir... Le mot est lâché !
Pas étonnant si ralentir est devenu depuis quelques années un véritable mouvement de fond. Le Slow Mouvement, les slows cities, la slow food, la très instructive "éloge de la lenteur" de Carl Honoré, et plus récemment "Vivre plus lentement" de Pascale d'Erm (collection "Les nouvelles utopies" aux éditions Ulmer), "l'Art de ne rien faire" de Catherine Laroze (Aubanel) ou "l'Art Zen du Temps" d'Erik Pigani (Marabout) en sont quelques exemples parmi beaucoup d'autres...
Apprendre à ralentir, par petites touches, dans son quotidien, c'est possible, même pour la maman débordée que je suis parfois... Par exemple, quand je vais chercher ma dernière à la crèche, après ma journée de travail, en tram puis à pied, je décélère, je prends mon temps, je marche presque au rythme de ma fille, je discute avec elle et nous rentrons, tranquillement, sereinement, à la maison. C'est un détail pour certains, mais pour moi, qui à 25 ans était LA superwoman Hyper Speed parisienne travaillant dans la "Com", spécialiste de la marche accélérée en zone urbaine, allant d'un point A à un point B comme si ma vie en dépendait, n'arrêtant ma course que pour éviter de me faire écrasée, dotée d'un phrasé si rapide au téléphone que souvent, je devais répéter car mes interlocuteurs ne m'avaient pas compris, c'est un pas de géant.
Aujourd'hui, bien que mes journées de maman de 3 enfants qui travaille sont bien remplies, comme celles des autres mamans, je pose ici et là quelques actes de résistance en prenant "mon" temps, comme celui par exemple d'écrire ce billet, ou comme celui de prendre un café en terrasse, stylo et cahier en main, et de rêver ma vie...
C'est un choix que toutes les mères peuvent faire si elles en ont la volonté : ralentir, freiner, dire non, mettre sur pause, dire STOP, pour soi, pour son mari, pour ses enfants, mais pour soi avant tout. Il suffit de le vouloir... Maintenant !