"- Si vous avez l'impression de vivre en apnée,
- d'être condamné(e) à réussir,
- de réunir toutes vos forces pour réaliser comme un robot toutes les tâches qui vous sont demandées journellement,
- si vous vous sentez asséché(e) sans la moindre énergie à l'injecter dans des sourires et encore moins dans des activités joyeuses et ludiques avec les enfants,
- si l'idée même d'embrasser votre conjoint, de le ou la prendre dans vos bras vous semble au-dessus de vos forces,
... alors pas de doute, vous frisez l'état de crise et l'épuisement que l'on nomme le BURN-OUT PARENTAL"
(Liliane Holstein).
Je viens de terminer la lecture du livre de Liliane Holstein, Le burn-out parental, paru en septembre 2014 aux Editions Josette Lyon.
Voici bientôt 4 ans que je parle ici, dès que l'occasion se présente, du burn-out maternel et de la façon dont on peut le prévenir. Mon dernier billet en date, Burn-out maternel : quelques pistes pour s'en sortir, publié en août 2013, avait d'ailleurs connu un vif succès.
Mais ce qui a immédiatement attiré mon attention, c'est le titre même de ce livre copieux (323 pages), Le burn-out parental, et son sous-titre, Surmonter l'épuisement et retrouver la joie d'être parents.
En effet, c'est la première fois, depuis que je travaille sur cette thématique, qu'il est question de burn-out parental et non de burn-out maternel.
Pour mémoire, la première à avoir théorisé sur ce syndrôme d'épuisement si particulier est Violaine Guéritault avec son livre de référence, La fatigue émotionnelle et physique des mères, paru en 2004 chez Odile Jacob.
Autre livre marquant sur le sujet : le témoignage de Stéphanie Allenou avec la parution de Mère épuisée, un succès de librairie réédité en livre de poche et paru en mars 2011.
Mais peut-on véritablement parler de burn-out chez les pères ?
Probablement, même si je n'en ai personnellement jamais croisé. Toutefois, et avec tout le respect que je porte à la fonction paternelle et aux rôles des pères, je ne peux m'empêcher en débutant ma lecture de rester un tantinet sceptique.
Psychanaliste pour adultes et enfants à Boulogne-Billancourt, l'auteure décrypte patiemment le phénomène de "la dépression liée à l'épuisement parental" et démonte les rouages de la mécanique infernale du "burn-out parental", signal d'alarme d'un malaise familial global.
Elle évoque également au fil des pages le baby-blues du père, ou encore, l'adaptation du père, avant d'aborder plus spécifiquement les signes de burn-out chez les mères, puis les signes de burn-out chez les pères.
Un stress parental multiforme donc, qui s'exprime différemment, selon que l'on soit mère ou père. Vu sous cet angle, en effet, l'épuisement est ici bien parental et non plus seulement maternel.
Au-delà de ce focus, l'auteure propose des pistes intéressantes pour "reprendre les rênes de sa vie", à travers les différentes périodes de la vie d'un enfant jusqu'à l'adolescence, "zone rouge pour le moral des parents".
Parmi elles, je retiens cette proposition posée sous forme d'interrogation : "Et si l'on en finissait avec cette fichue histoire du soir ?" :
"Depuis les années 80, les enfants se sont habitués à accepter d'aller au lit chaque soir, avec l'exigence de la lecture d'une histoire par l'un ou l'autre des parents. Cette habitude qui n'existait pas pour les générations précédentes, bien évidemment, peut représenter un moment privilégié avec l'enfant et la plupart des adultes s'y prêtent volontiers... (...)
Il faudra aller puiser dans les miettes du reste de son énergie, pour reprendre le lutin par la main, le raccompagner dans son lit et s'entendre dire: "Encore une histoire, avant de dormir !" Pendant ce temps, l'horloge continue sa course et le conteur trépignant près du lit de l'enfant raconte une énième histoire au pas de course. L'autre parent a terminé son repas seul et enfin, quand ils se retrouvent, tous deux, épuisés, c'est pour aller se coucher ou s'effondrer exténués devant la télé.
Alors pourquoi ne pas révolutionner le rituel de cette fichue histoire du soir et la remplacer par un câlin, des paroles tendres échangées avant d'embrasser l'enfant et de le laisser lire lui-même un de ses livres préférés, avant de s'endormir ?
Le temps gagné sur l'histoire du soir peut être remplacé par un bon moment en début de soirée où l'on se détend ensemble quand tout le monde est rentré. Un temps où il n'est question ni des contraintes, ni de l'école, juste une parenthèse où l'on peut jouer ensemble, rire, chahuter gentiment, se câliner tranquillement.
Etre vraiment ensemble.
Le couple y gagnera chaque soir une heure pendant laquelle, il sera possible d'avoir des conversations d'adultes et un espace pour partager une vie de couple avant l'extinction des feux".
Un conseil plein de bon sens et de sagesse, qui permettra, je l'espère, à de nombreux parents de moins culpabiliser et de lever un peu le pied en fin de journée, comme je le soulignais déjà dans mon billet de décembre 2011, Le soir, on fait relâche !
Le burn-out parental, Liliane Holstein, 2014, Josette Lyon