Cet entretien, recueilli par Ladane Azemour Bonnefoy, a été publié en novembre 2010 sur le site http://sante-az.aufeminin.com Pour mémoire, Violaine Guéritault est l'auteur de "La fatigue émotionnelle et physique des mères", paru aux Editions Odile Jacob en 2004. Ce fut la première à faire un lien entre le burn-out professionnel et ce que vivent les mères et à parler de "burn-out maternel".
Retrouvez le dossier complet avec 4 témoignages de mamans qui "racontent leur souffrance et les solutions qu'elles ont mises en oeuvre pour sortir de leur burn-out maternel" ici.
Entretien avec Violaine Gueritault, docteur en psychologie.
Est-ce que les mères sont toutes égales face à cette fatigue émotionnelle et physique ?
> Les mamans solos : elles sont en tête de liste, car elles sont seules pour tout assumer. Elles n’ont jamais aucun répit et se retrouvent seules à gérer le quotidien quels que soient les problèmes qu’elles rencontrent. Les mamans solos ont en général peu de soutien social et encore moins de reconnaissance pour ce qu’elles font. Les soucis financiers sont très souvent un énorme problème qui vient rajouter au stress quotidien.
Est-ce qu’il y a une zone de vulnérabilité ?
Est-ce que cela peut devenir dangereux ?
On peut arriver à des situations extrêmes...
La dépression est une autre conséquence qui peut s’avérer particulièrement grave et handicapante, si elle n’est pas traitée très sérieusement. Dans certains cas, une dépression non traitée peut s’aggraver au point de mener sa victime au suicide ou au meurtre de ses propres enfants par désespoir, et la conviction qu’elle est la pire des mères et qu’il faut qu’elle mette un terme a tant de dégâts. Heureusement de tels exemples sont rares mais de temps à autres, de tels cas se présentent.
Aux Etats-Unis en 2001, Andrea Yates noya ses 5 enfants parce qu’elle se croyait être une mère épouvantable qui avait ruiné la vie de ses enfants en raison de sa soi-disante incapacité à s’occuper d’eux correctement. En 2007, c’est la Belgique qui fut secouée par l’affaire Geneviève Lhermitte, qui tua ses 5 enfants elle aussi, car elle était au bout du rouleau...
Alors comment se sortir d’un burn out maternel ?
Il faut que les mamans qui souffrent de burn out travaillent sur un réseau de soutien social en rencontrant d’autres mamans et en se tournant aussi vers leur conjoint si cela est possible et s’il y a une écoute compatissante de ce côté-là.
Si le thérapeute est « dur », intransigeant ou culpabilisant, alors il lui faut choisir quelqu’un d’autre, car s’il n’est pas à la hauteur, il risque de faire plus de dégâts qu’autre chose. Par ailleurs, je pense que certains accompagnements (type coach maternel) peuvent être très profitables pour toutes les mamans qui sont en burn out maternel et un excellent point de départ pour rencontrer d’autres mamans qui font face au même problème.
Que pouvez-vous dire pour déculpabiliser ces mamans qui se sentent si « mauvaise mère » ?
Alors que faire ?