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5 juin 2011 7 05 /06 /juin /2011 14:36

Cet entretien, recueilli par Ladane Azemour Bonnefoy, a été publié en novembre 2010 sur le site http://sante-az.aufeminin.com Pour mémoire, Violaine Guéritault est l'auteur de "La fatigue émotionnelle et physique des mères", paru aux Editions Odile Jacob en 2004. Ce fut la première à faire un lien entre le burn-out professionnel et ce que vivent les mères et à parler de "burn-out maternel".

 

Retrouvez le dossier complet avec 4 témoignages de mamans qui "racontent leur souffrance et les solutions qu'elles ont mises en oeuvre pour sortir de leur burn-out maternel" ici.  

Violaine Guéritault

Entretien avec Violaine Gueritault, docteur en psychologie.

Est-ce que les mères sont toutes égales face à cette fatigue émotionnelle et physique ?

Bien que toutes les mères soient susceptibles de faire l’expérience du burn out maternel, certaines mères sont plus vulnérables que d’autres pour plusieurs raisons :
> Les mamans solos : elles sont en tête de liste, car elles sont seules pour tout assumer. Elles n’ont jamais aucun répit et se retrouvent seules à gérer le quotidien quels que soient les problèmes qu’elles rencontrent. Les mamans solos ont en général peu de soutien social et encore moins de reconnaissance pour ce qu’elles font. Les soucis financiers sont très souvent un énorme problème qui vient rajouter au stress quotidien.
> Les mères qui ont peu de soutien social : même si elles ne sont pas mamans solos, les mères qui bénéficient de peu de soutien social sont très isolées et n’ont que très peu d’opportunités de recharger leurs batteries ou même de se faire aider au quotidien.

Est-ce qu’il y a une zone de vulnérabilité ?
Il y a en effet des zones de vulnérabilités qui contribuent à augmenter les chances qu’une maman soit confrontée au burn out maternel.
Bien qu’un seul enfant soit suffisant pour épuiser une maman et la propulser dans un burn out maternel, plus le nombre d’enfants augmente, plus une maman a des risques de s’y confronter.
L’absence du conjoint est aussi un facteur de risque très important car la mère doit alors tout gérer seule (elle est soit maman solo, soit une femme dont le conjoint est souvent absent pour son travail, ou bien simplement absent par manque d’intérêt de la part du père pour sa famille).
Les soucis financiers, le chômage, les problèmes de santé sont aussi des facteurs aggravants.

Est-ce que cela peut devenir dangereux ?
Oui, il y a en effet des seuils de gravité. Ces seuils sont souvent atteints lorsque le burn out maternel est présent depuis déjà un bon moment, et que les ressources émotionnelles et physiques de la mère sont de plus en plus faibles. Lorsque le burn out est présent depuis longtemps et que les facteurs de stress sont importants (bruit, manque de sommeil, etc.) Le premier risque est la maltraitance des enfants (physique, émotionnelle et verbale : syndrome du bébé secoué).

On peut arriver à des situations extrêmes...
La dépression est une autre conséquence qui peut s’avérer particulièrement grave et handicapante, si elle n’est pas traitée très sérieusement. Dans certains cas, une dépression non traitée peut s’aggraver au point de mener sa victime au suicide ou au meurtre de ses propres enfants par désespoir, et la conviction qu’elle est la pire des mères et qu’il faut qu’elle mette un terme a tant de dégâts. Heureusement de tels exemples sont rares mais de temps à autres, de tels cas se présentent.
Aux Etats-Unis en 2001, Andrea Yates noya ses 5 enfants parce qu’elle se croyait être une mère épouvantable qui avait ruiné la vie de ses enfants en raison de sa soi-disante incapacité à s’occuper d’eux correctement. En 2007, c’est la Belgique qui fut secouée par l’affaire Geneviève Lhermitte, qui tua ses 5 enfants elle aussi, car elle était au bout du rouleau...

Alors comment se sortir d’un burn out maternel ?
Il est très difficile, voire impossible, pour une maman de se sortir d’un burn out maternel, toute seule. La pire erreur qu’elle puisse faire, serait de rester isolée et de penser qu’elle peut s’en sortir par un simple effort de volonté.
Il faut que les mamans qui souffrent de burn out travaillent sur un réseau de soutien social en rencontrant d’autres mamans et en se tournant aussi vers leur conjoint si cela est possible et s’il y a une écoute compatissante de ce côté-là.

L’aide d’un psy est important…
Sortir de l’isolement, être écoutée (et comprise) de façon bienveillante peut faire toute la différence. Par ailleurs, si une dépression est présente, il faut que la mère soit réactive et demande de l’aide auprès d’un médecin mais aussi d’un thérapeute bienveillant avec qui « le courant passe » bien, et à qui elle pourra se confier sans crainte d’être jugée. Un soutien psychologique est essentiel dans ce cas pour faire le point et surtout pour couper court à la culpabilisation galopante que ressentent beaucoup de mères et qui les paralyse, et les enfonce dans leur isolement. Très important : lorsqu’une maman choisi un psy, il faut qu’elle choisisse quelqu’un qui lui correspond, avec qui elle se sente en confiance, comprise, accompagnée et non jugée, de manière à obtenir l’aide et le soutien dont elle a besoin.
Si le thérapeute est « dur », intransigeant ou culpabilisant, alors il lui faut choisir quelqu’un d’autre, car s’il n’est pas à la hauteur, il risque de faire plus de dégâts qu’autre chose. Par ailleurs, je pense que certains accompagnements (type coach maternel) peuvent être très profitables pour toutes les mamans qui sont en burn out maternel et un excellent point de départ pour rencontrer d’autres mamans qui font face au même problème.

Que pouvez-vous dire pour déculpabiliser ces mamans qui se sentent si « mauvaise mère » ?
C’est une sacrée question piège ! Il n’y a malheureusement pas de phrase magique qui puisse déculpabiliser les mamans en un coup d’un seul… Je crois pour commencer, qu’il faut que les mères sachent que contrairement à ce qu’elles pensent, elles ne sont pas seules à ressentir ce qu’elles ressentent. Je suis psy et je crois connaître le sujet un peu par cœur, et pourtant je tombe régulièrement dans le piège de la culpabilité. Ce qui me permet d’en sortir rapidement cependant, est que je connais le phénomène parfaitement, et que je suis consciente de tous les pièges dans lesquels je peux tomber, et dans lesquels je tombe en effet ! Cette conscience me permet de prendre du recul très rapidement, et de remettre les choses en perspective bien avant de perdre pied et que les choses ne dérapent.

Alors que faire ?
Ce que les mamans doivent absolument comprendre et accepter, est que le mythe de la mère parfaite si puissamment présent dans notre société, est seulement un mythe et qu’il est totalement irréaliste. Une mère ne sera jamais parfaite, et chaque fois qu’une mère se souvient et accepte cet état de fait, elle contribue à désacraliser ce mythe qui ne tient pas debout. Je pense que toutes les mamans devraient passer un peu de temps à s’efforcer de faire une liste de toutes les choses formidables qu’elles accomplissent au quotidien et qui passent malheureusement inaperçues aux yeux de beaucoup, y compris à leurs propres yeux. Mais par dessus tout, il faut que les mères cessent de penser qu’elles se doivent d’être des supermamans, des superwomen, des superfemmes, des super-épouses, et qu’elles apprennent à être douces, patientes et tolérantes vis-à-vis d’elles-mêmes, comme elles le sont la plupart du temps avec leurs chers petits…

À lire « La fatigue émotionnelle et physique des mères : le burn-out maternel », de Violaine Gueritault, Editions Odile Jacob.

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commentaires

A
<br /> Bonjour,<br /> <br /> j'ai été victime d'un burn out maternel qui a commencé en 2004 et ... qui n'a pas été reconnu, pourtant j'ai consulté plusieurs psychiatres, mais rien n'y a fait ... Le résultat ?<br /> Je suis partie en laissant mes enfants à leur père en 2005 ... Aujourd'hui leur père continue son oeuvre de destruction de ma relation très fragile avec eux, j'en souffre énormément, d'autant plus<br /> que j'attends un autre enfant de mon nouveau mari et que j'ai très peur que ça recommence, en plus du sentiment de culpabilité qui m'empêche de vivre sereinement cette nouvelle grossesse ...<br /> Le burn out maternel est mal reconnu, une mère qui "pète un cable" est une mauvaise mère, point.<br /> j'aurai aimé que quelqu'un me dise à l'époque que ce n'est pas une fatalité et que le burn out existe, est une pathologie qui se soigne ... ça aurait changé beaucoup de chose ...<br /> <br /> <br />
Répondre
D
<br /> <br /> Merci à vous pour votre témoignage.<br /> <br /> <br /> <br />
V
<br /> C'est drôle, je viens de voir que j'ai écrit cet article le même jour que toi.<br /> <br /> <br />
Répondre
V
<br /> J'ai écrit un billet récemment sur le sujet... http://les-blablas-de-vivi.over-blog.com/article-le-burn-out-maternel-74433624.html Le nombre de visites que je reçois sur cet article est<br /> impressionnant !<br /> <br /> <br />
Répondre

                      

                      Diane BALLONAD ROLLAND

                    

 

 

 

Face à l'accélération du temps, prenons le temps de nous poser, osons ralentir, en soi, chez soi, mais aussi au travail, et commençons à nous réapproprier consciemment notre temps !
 

 

Je m’appelle Diane, j'ai 44 ans, je suis Coach professionnelle certifiée, spécialiste de l'équilibre entre vie professionnelle et vie personnelle, Consultante et Formatrice en Gestion du temps et Equilibre de vie depuis 2010, et je suis aussi la maman imparfaite de 3 enfants. Zen & Organisée, certes, mais je vous rassure, pas tous les jours et c'est tant mieux !

Mon coeur de métier est d'aider les femmes débordées, fatiguées, stressées par les contraintes de la vie quotidienne, à se réapproprier leur temps et à (re)trouver un équilibre. C'est ce qui porte chaque jour depuis plus de 7 ans aujourd'hui.

Créé en novembre 2010, ce blog propose, à travers des articles, des ressources, des interviews ou des ateliers interactifs en ligne, une réflexion et des pistes concrètes (avec exigence mais sans recettes miracles !) pour changer notre regard sur le temps, apprendre à ralentir, nous recentrer sur nos vraies priorités, prévenir l'épuisement et trouver un meilleur équilibre entre les exigences de la vie professionnelle, les obligations de la vie familiale et nos aspirations personnelles.

 

Je suis ce que l'on appelle une "entrepreneuse nomade", travaillant aussi bien dans le train que dans un café, dans un espace de coworking ou chez moi. C'est un mode de vie qui me ressemble, doux, libre et créatif, dans lequel je m'épanouis et peux donner le meilleur :)

Je me suis créée une vie professionnelle sur-mesure : mon quotidien aujourd'hui s'organise autour de différentes activités, toutes complémentaires. Chacune d'elles sans exception me passionne, qu'il s'agisse d'accompagner sur le chemin de l'équilibre et du sens, d'écrire pour mes blogs, de travailler à un nouveau livre, de concevoir un nouvel atelier en présentiel ou en ligne, d'animer une formation, grand public ou proposée par un organisme de formation, ou encore une conférence dans une entreprise.

Entière, intuitive, multiple, j'aime les choses simples et travaille avant tout avec le coeur et en accord avec mon ressenti.

Je ne triche jamais et privilégie l'authenticité, tant dans mon travail que dans mes relations. En réalité, je n'ai aucun mérite car je ne sais pas travailler autrement que dans la confiance, la bienveillance et le respect réciproques.

Si c'est aussi votre cas, nous avons toutes les chances de nous entendre et de faire un bout de chemin ensemble !
 

"L'étoile, c'est ce qui canalise nos énergies, c'est un appel à nous mettre en route, c'est une direction que nous ressentons comme juste au sens plein du terme, c'est une finalité dont découlent les objectifs et qui leur donne de la cohérence et du sens. Elle n'est pas forcément facile ni agréable à suivre, mais c'est elle qui donne du sens à notre existence et nous permet de faire du temps l'allié de notre vie." (François Délivré)

 

Ma box "Zen & Organisé" dans Happy Life Box

 

{Manifeste pour une vie plus douce} PDF à télécharger gratuitement

 

{Mes 50 Mantras pour se réapproprier son temps} PDF à télécharger gratuitement
{Se former au métier d'home-organiser} L'Académie des Pros de l'organisation

 

{Mon podcast audio} sur Soundcloud ou Apple Podcast

 

{Le temps et moi} Mon programme de méditation sur l'app Méditer avec Petit Bambou

 

Magical Timing au travail, Concilier sérénité et organisation (2018, Rustica Editions)

 

Magical Timing, l'art de retrouver du temps pour soi (2017, Rustica Editions)

 

J'arrête de procrastiner, 21 jours pour arrêter de tout remettre au lendemain (2016, Eyrolles)

 

 

 

Membre Fondatrice et Présidente de la FFPO