Pour en finir avec l'idée reçue n° 1 sur le multitasking : je suis plus efficace quand je fais plusieurs choses en même temps.
Faux !
Le multitasking est un mythe de l’efficacité, une illusion de l’esprit. Car contrairement aux idées reçues, le cerveau ne sait bien faire qu’une seule chose à la fois !
Synonyme d’efficacité pour la plupart d’entre nous, les comportements multitâches sont plus que jamais valorisés dans la sphère professionnelle, parce que répondant à priori mieux aux diktats de l’urgence.
Dans une interview au Monde, Catherine Datchary, sociologue au laboratoire interdisciplinaire solidarités, sociétés, territoires du CNRS, analyse :
« Les entreprises sont ambivalentes. Un trouble de l’attention est connoté négativement, mais être multitâche est une compétence recherchée. »
La réactivité y est érigée en qualité, avant même la productivité.
Pourtant, notre capacité à effectuer plusieurs choses en même temps, tel Shiva en son temps, ne nous rend pas forcément plus efficace, bien au contraire.
Elle nuirait même à nos capacités intellectuelles et nous rendrait idiots, comme le révèle une étude effectuée par des chercheurs de l’université de Londres et publiée dans le Chicago Tribune en 2010. L’enquête, basée sur 1 100 salariés britanniques soumis au multitasking électronique, établit que le quotient intellectuel de ceux-ci diminuerait de manière plus significative que celui de fumeurs de cannabis ou d’adeptes de nuits blanches.
En 2009 déjà, une recherche effectuée par le professeur Earl Miller, spécialiste en neurologie au Massachusetts Institute of Technology, avait déjà démontré que le cerveau humain était incapable de gérer efficacement plusieurs choses à la fois. Il ne peut que jongler d’une tâche à l’autre avec plus ou moins de succès.
Le multitasking demande ainsi beaucoup plus d’efforts aux méninges que de traiter les différentes tâches du quotidien les unes après les autres.
Le journaliste du Chicago Tribune élargit le sujet à la prise de décision. Il estime que l’avènement de «l’homme multitâche» ne fait que favoriser « les consensus mous », le multitasking étant pour lui l’art de ne pas choisir, quand le fait de prendre une décision implique de savoir gérer ses priorités.
Intégrons que multitâche veut clairement dire absence de concentration. En sautant comme nous le faisons d’une tâche à l’autre, nous avons pris l’habitude de répondre immédiatement aux stimuli au lieu de nous concentrer sur la tâche prioritaire.
Ainsi, l’usage du téléphone au volant, devenu banal, est responsable d’un accident mortel sur 10. Il a été prouvé que le conducteur enregistre entre 30 et 50% d'informations en moins sur la route lorsqu'il est au téléphone provoquant alors un impact négatif sur la bonne exécution des tâches nécessaires à la conduite. C’est la raison pour laquelle le port d’écouteurs, d’oreillettes ou de casques audio est interdit au volant depuis le 1er juillet 2015.
Au travail, face aux sur sollicitations dont nous faisons l’objet et aux multiples interruptions que nous subissons au cours d’une seule journée, nous pensons ne pas avoir le choix : si je veux boucler mes dossiers et respecter mes objectifs, je suis obligé de faire plusieurs choses en même temps.
Mais à quel prix ?
Non-sens, erreurs d’interprétation, compréhension incomplète d’un problème, dossiers bâclés, papillonnage, s’ajoutent au stress et à la fatigue générés par le multitasking.
JE ME CONCENTRE SUR UNE SEULE TACHE A LA FOIS
« J’aime cette histoire zen où le disciple demande à son maître :
- Maître, comment appliquez-vous l’éveil à l’action ? Comment le mettez-vous en pratique dans la vie de tous les jours ?
- En mangeant et en dormant, répond le maître.
- Mais, Maître, tout le monde mange et tout le monde dort.
- Mais tous ne mangeant pas quand ils mangent, et tous ne dorment pas quand ils dorment !
D’où le célèbre adage zen : « Quand je mange, je mange. Quand je dors, je dors. »
Manger quand vous mangez, dormir quand vous dormez, signifie être totalement présent dans chacune de vos actions, sans qu’aucune des distractions de l’égo ne vous éloigne de cette présence. C’est cela, l’intégration. »
(Sogyal Rimpoché, Le livre tibétain de la vie et de la mort)
Nous l’avons compris, il est difficile de se concentrer quand notre cerveau sature d’informations et répond aux stimuli en tous genres.
Pourtant, l’enjeu est de taille car c'est en améliorant sensiblement votre capacité de concentration et en luttant contre votre tendance naturelle à la procrastination que vous parviendrez à passer à l’action et à faire aboutir vos projets.
Vous y économiserez une énergie considérable (se disperser sans cesse est très énergivore !) et vous renforcerez votre confiance et votre estime de vous-même.
« La concentration se travaille comme un muscle et il n’est jamais trop tard pour commencer », explique Jeanne Siaud-Facchin, psychologue et psychothérapeute, auteur de « Tout est là, juste là » (Odile Jacob).
Pour vous rééduquer progressivement, commencez par prendre conscience de tous les moments où, au fil de votre journée, vous basculez en mode multitâche.
Chaque fois que vous vous surprenez à faire deux, trois ou quatre choses en même temps, arrêtez tout et criez « Stop » !
A force de le faire, vous vous rendrez compte du nombre de fois où vous fonctionnez de la sorte et vous modifierez petit à petit cette habitude.
Faites l’expérience, une à deux fois dans la journée, de vous consacrer à une seule tâche à la fois. Ne cherchez pas à fonctionner exclusivement en mode monotâche dès le début, au travail notamment, car vous n’y parviendrez pas et vous vous découragerez !
Qu’il s’agisse de travailler sur un projet, de préparer le prochain repas ou de conduire un entretien, ne faites que cela, et rien d’autre! Soyez pleinement présent à ce que vous faites. Si vous recevez quelqu’un en entretien, veillez à ne pas répondre au téléphone. Organisez-vous en amont et faites-en sorte de protéger votre priorité du moment.
Ce que je vise à travers cet exercice est de vous faire expérimenter très distinctement la différence entre deux qualités d’expérience :
- Le confort de celle où l’on se concentre sur une seule tâche à la fois, le calme intérieur et la paix qu’elle procure, le sentiment d’efficacité qui vous anime,
- Et le sentiment d’éparpillement mental que l’on ressent lorsqu’on continue à tenter de jongler entre 5 tâches à la fois, avec le niveau d’efficacité que l’on connait et la perte d’énergie qui en résulte.
Expérimentez, savourez, et venez partager votre ressenti avec moi, ici ou par mail !
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